Enfin, après tout ça, nous voilà repartis pour une petite exploration du coté Nord-Ouest de l’île (faudrait quand même qu’on aille un peu à la plage, merde !)
Là aussi, en vrai, c’est pas une mince affaire… Parce que déjà, faut être du bon coté de l’île, sinon y’a que des cailloux. Et après, faut trouver un coin joli, pas trop blindé de gens, et en plus où tu peux te garer (et gratuitement si possible…). Bref, c’est un peu la chasse au trésor quoi !
Mais en fait, le secret bien gardé d’Hawaii, c’est que la « loi littoral » locale empêche tous les énoooormes hôtels et resorts de complètement privatiser les plages qui les longent. Donc ils sont obligés de fournir un accès au public, et du coup des places dans leurs parkings de luxe pour les clampins normaux qui veulent venir se baigner ! Hé ouais, mais fallait le savoir…
Donc, il nous a suffi de nous renseigner sur la plus belle plage d’hôtel du coin (perdu au milieu de touuuuus les golfs, et de passer la barrière de sécurité pour aller se garer chez les vacanciers de luxe (et profiter d’une méchante plage sublime, sable fin et vagues baignables !).
Un golf-lava, anyone?
L’eau est chaude, on est entouré de vieux sur leurs chaises de plage avec porte-gobelet intégré, ou de familles avec 65 minots qui courent, y’a plus qu’à s’allonger sous un cocotier et mettre un peu de crème solaire.
Bon j’avoue hein, on regrette pas tant que ça d’avoir quitté Tokyo maintenant qu’on est là !
T’es beauuuuuuuu 😍😍😍
Franchement, le 4×4-tente, c’est de la bombe ! On peut s’arrêter sur le bord des belles routes pour se faire des lunchs avec vue de folie, on se promène sur la Kamehameha Highway (et gloussant à chaque panneau Kamehameha + photo avec la statue de Kamehameha O-BLI-GA-TOIRE !!), on se trouve des petits spots sympas pour dormir où on veut, et pour l’instant, toujours pas de flics ou de locaux mécontents pour nous crier dessus !
En en plus, comme c’est un 4×4, on peut même se lancer sur la route-de-la-mort de 10km de long qui devrait nous amener a deux petites plages secrètes qui déchirent ! Bon, le Poloch’, cette fois c’est lui qui a du me quitter 20 fois, parce qu’on a dû se faire 40 minutes de gymkhana dans les pierres de lave et qu’on a manqué de crever les pneus 20 fois et de perdre le bas de caisse pour y arriver… (et la même pour repartir…).
Allez, c’est cadeau… Pour avoir un petit aperçu 😉
La récompense c’était quand même le déjeuner seuls au monde au bout de la route, avec personne de chez personne, les grosse vagues, le sable vert (siiii, vert ! avec de l’olivine dedans !), et la carcasse de voiture brûlée !
Et dites vous qu’en plus, le long de cette route de la mort, y’a des gens qui habitent ! Pour de vrai ! Dans des maisons en kit posées sur la lave, avec panneaux solaires et récupérateurs d’eau de pluie ! Le facteur doit pas se marrer à venir livrer le courrier (il a un quad tu crois ??) – en fait les boîtes au lettres sont au bouuuuuuut de la route, là où tu retrouves le goudron (en gros, une fois que t’es chez toi, tu repars pas chercher le courrier… et quand le facteur t’appelle pour te dire « j’ai un colis pour vous » tu te farcis 30 minutes de cailloux pour aller le chercher ! Et si en plus c’est fragile, y’a une chance sur deux que ça meure avant d’arriver chez toi… Chacun ses choix…).
L’un dans l’autre, c’était canon, mais on est bien content de retrouver le bitume, je pense qu’on est pas passés loin du tassement de vertèbres !
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Avant d’aller voir les volcans et la lave (parce que oui quand même hein, va falloir aller voir la lave !!) on fait un petit tour par South Point, le point le plus au Sud de Big Island (et donc d’Hawaii, vu que Big Island est déjà l’île la plus au Sud…) : de là, le prochain bout de terre que tu cognerais si tu nageais tout droit, ça serait l’Antarctique ! Un petit coucou aux manchots ?
Demain, c’est volcans. Mais faut d’abord dormir pas trop loin de là… Cette fois, on décide de tenter le Beach Park, sans payer les 40 dollars de camping fee qu’on estime excessifs pour dormir sur un parking… Advienne que pourra, on verra bien si on se fait jeter dans la nuit !
Juste à coté du parc national de Volcano, il y a un petit Beach Park dans un spot de rêve au bord d’un petit lagon (qui brasse un peu à cette période de l’année quand même) ou viennent se réfugier les tortues.
Comme tous les Beach Park, il est plein de clodos. Mais on se rend compte qu’en fait, sur l’île il y a plein de sans-domicile, mais pas sans travail… En fait tout est tellement cher, loyers y compris, que les gens qui ont un job qui paye pas très bien (= la majorité des jobs) peuvent pas se payer d’appart… Donc ils bossent la journée et le soir ils viennent se garer au Beach Park, ils déplient leur tente, ils pique-niquent, ils vont se coucher, et à 6h30 il replient tout pour partir bosser, après une petite douche froide dehors (si y’en a une…). C’est quand même super triste de voir ça, surtout quand tout autour tu vois que des hôtels de luxe et des touristes blindés… C’était quand même particulièrement flagrant sur Big Island, et pas forcément autant sur les autres îles. Tu m’étonnes que du coup tout le monde loue ses chambres sur Airbnb pour faire 3 belins supplémentaires !
Bref, en plus, ils sont tous hyper sympas, et super épatés par notre 4×4-tente, une rareté sur les îles hawaiiennes (tu m’étonnes que ça leur rendrait la vie plus facile, surtout au pauvre mec qui dort à coté de nous et qui essaie de démonter et de réparer sa roue dans le noir à la lampe torche à coté de nous !)
On s’endort et on se réveille au son des vagues du lagon, et ça, ça n’a pas de prix !
Et puis la vue est sympa dans ce Beach Park…
Après une réunion ministérielle matinale pour établir le plan d’attaque de l’opération LAVA, nous voilà partis à l’assaut du Parc National de Volcano, haut lieu de la lavation hawaiienne !
Premier arrêt : le camping. Il y en a que 2 dans le parc, et c’est premier arrivé, premier servi sur les emplacements ! Donc mieux vaut arriver à l’heure où tout le monde part le matin, comme ça tu te trouves un petit emplacement sympa sous les eucalyptus qui sentent délicieusement bon dans l’humidité du matin, et y’a plus qu’à !
Comme souvent dans les parcs nationaux, tout le monte te fait confiance comme bon citoyen, puisque tu paies pour ta nuit en glissant un billet dans une enveloppe que tu mets dans la boîte à paiements, et que personne vient vérifier si t’as payé ton emplacement ou pas (absolument impossible en France on est d’accord…). Le camping est tellement canon qu’on a pas fait nos français et qu’on a payé notre nuit gentiment, ça valait tellement le coup ! On aurait pu soustraire 2 dollars pour compenser le fait que le sèche-mains des toilette en face de notre emplacement faisait un bruit de MiG-28 (Marco, je sais, il n’existe pas le MiG-28, c’était le spécial Top Gun ;)), mais bon, on a quand même survécu !
Carte du parc en main, on se lance !
On checke le Visitor’s Center pour avoir les infos de la journée sur la lave : elle est où, elle sort où, y’a des nouvelles coulées ? où la voir le mieux ? etc. Ouf, elle coule toujours et elle est haut dans le cratère, tout est bon !
On explore un peu les fumerolles qui sentent le pet autour du Visitor’s Center, et on décide de prendre la Chain of Craters Road jusqu’au bout pour explorer touuuuuut le parc !
La Chain of Craters Road, c’est vraiment un endroit unique au monde ! Tu travers la forêt puis d’un coup, tu te retrouves entre 2 cratères, et après tu travers des champs de lave solidifiée avant de retrouver la forêt. Puis à nouveau la lave noire… C’est complètement fou !
Au milieu de la forêt, tu peux même descendre explorer l’intérieur d’un lava tube, l’intérieur séché d’une canalisation de lave, et c’est même largement assez grand pour que Polochon sautille à l’intérieur!
Arrivés au bout du bout, c’est la mer, et au loin on voit le nuage de vapeur d’eau formé par la lave qui coule dans l’eau ! Mais c’est à 8km à pied, donc on ira un autre jour, pas là en plein cagnard hein… Et on est complètement entouré de coulées de lave séchée noire avec parfois quelques teintes rouges ou vertes, c’est vraiment lunaire comme paysage !
Du coup, c’est vraiment pas loin d’être à notre avis le spot de pique-nique le plus cool de la planète !
On sort notre réchaud, notre glacière, notre coca-chips, et en avant Guingamp pour le dreampiknik !
Sauf que…
Au bout de 3 minutes de cuisson des pâtes (sur 10)… plus de gaz !
Merde.
Et pas de bombe de rab bien sûr !
« On jette tout, tant pis » dit Polochon
« Whaaat, mais même pas t’y penses, pirate, gaspilleur, bachi-bouzouk ! Plan B : tu couvre la casserole et on attend, ça finira bien par cuire ! »
« Tu crois ? »
« Mais oui t’inquiètes, ça va le faire nickel ! »
7 minutes plus tard…
« Ca fait 10 minutes » annonce Hulk
« ah mais non, c’est pas assez, comme ça bout plus, doit surement falloir attendre au moins encore 5 ou 10 minutes ! »
« Attends je vais re… »
« Naaaaaaaaaaan, touche pas ce couvercle, tu vas perdre tout le chaud !! Fais moi confiance, je SAIS qu’il faut attendre »
10 minutes plus tard…
« Allez, ça doit être bon là, vas-y ! »
Et là… c’est le drame… Les pâtes sont cuites. Trop cuites. Pâteuses, collantes, la pire pâte que j’aie jamais mangé ! Dejà, ça nous apprendra à acheter les pâtes discount de Walmart « enrichies en vitamines » – dieu seul sait les trucs bizarres ajoutés dedans- qui cuisent bizarre…
Après une discussion houleuse sur le devenir des pâtes, on s’est sacrifiés tous les deux pour le non-gaspillage, et on s’est envoyé 300 grammes de pâtes immondes baignant dans notre fond de sauce tomate en boîte, avec une consistance rappelant sèvèrement celles de pâtes déjà vomies au moins une fois…
Pas le meilleur des repas pour ce beau spot de pique-nique !
Ma foi…
On aura survécu aux criquets, alors pas pâtes Walmart ça devrait aller !
C’est reparti, il en reste des choses à voir !
On roule un peu…
« Arrête toi je veux faire une photo »
On repart…
« Attends, attends, arrêtes toi là aussi c’est joli ! »
On re…
« raaaah viens on s’arrête là pour un selfie ! »
« Oh, et là, regarde ! »
« Oh regarde là y’a une coulée bizarre, juste une petite photo ! »
« Oh vas-y viens on prend cette route, on sait pas où ça va c’est sûr que ça doit déchirer »
(20 minutes de conduite Polochonesque sur la-route-en-virages-de-l’enfer plus tard)
« C’est nul, y’a rien. Et j’ai envie de vomir »
Finalement, il est quand même un peu patient Polochon ! 🙂
On s’en tient à l’exploration de ce coté du parc pour cet aprem, puisqu’on veut se garder le cratère de Halema’uma’u pour ce soir quand il fera nuit, histoire bien voir la lave qui brille dans la nuit (ouuuuuh, j’en trépigne d’impatience, on va voir de la lave en vrai !).
Un petit burger à 20 dollars plus tard, et nous revoilà dans le park, emmitouflés dans nos doudounes, jumelles autour du cou, prêts pour la tombée de la nuit sur le belvédère du Jaggar Museum !
Au début, c’est qu’un gros nuage de fumée grise sur un ciel bleu qui fonce…
Et puis ça devient une lueur orangée sur fond bleu marine.
Et d’un coup c’est carrément comme un gigantesque feu de joie là-bas au fond du cratère !
C’est loin, mais on a les super jumelles de Bob et Louss, énormes, et qu’on se traîne dans mon petit sac à dos depuis Octobre. Mais pour ce moment, juste là, ce soir, avec le lave là-bas à quelques centaines de mètres, c’est parfait ! Et même si ça devait être que pour ça, ça vaudrait le coup de se les être trimballées !
On voit la lave bouillonner et gicler au fond du cratère, et la lueur monter et descendre avec ! On voit les veines de lave incandescente entre les rochers. Incroyable, y’a donc pas quand dans les docus de National Geographic qu’on peut voir de la lave ! C’est génial !
Alors ouais, c’est loin, mais c’est là ! Et je la vois cette lave, avec mes yeux à moi ! On partage les jumelles avec Poloch et on en prend plein la vue !
On est restés là au moins une heure (on s’en fout du froid, y’a de la laaaaaave !!), à regarder bouger le fluide corporel de la planète…
On commence à se dire que ça va être difficile de faire mieux que ça au cours des prochaines semaines quand même… On a peut être commencé trop fort…
Cela dit, on a deux trucs sur la liste des jours qui viennent qui peuvent concurrencer le cratère…
D’abord, le lendemain matin, on rend le 4×4-tente. Adieu Brian, tu nous a bien rendu service, on t’a kiffé ! Mais on aimerait bien une vraie douche là, parce que le dernier bain, c’était y’a plus de 48 heures dans la mer… En échange, on tope une petite KIA de location, et on retraverse l’île pour aller à Kona, récupérer notre Airbnb (= une graaaande tente – où Hulk tient debout dedans, donc vraiment grande hein – dans le jardin d’une famille très sympatoche (et propriétaires d’un bouledogue complètement niais…) – pour 50 dollars la nuit tout de même, on est à Hawaii…), et faire le check-in pour la plongéééééééée avec les raies Mantas !! (re-trépignage !!)
Le spot du Airbnb est top, dans une quartier résidentiel, derrière une petite maison trop mignonne, ils ont même installé un salon de jardin avec des torches façon Koh-Lanta, c’est tellement « amazing » qu’on soit français et en lune de miel qu’on se fait même offrir une bouteille de vin, trop mimi !
Malheureusement pour nous, ce jour là, c’est la tempête de vent… Donc, pas de plongée possible. On reporte à demain…
Tant pis, au moins on aura le temps de se doucher dans le jardin !
Du coup, on aura eu le temps d’explorer un peu Kona, avec son petit front de mer ultra mignonnet blindé de croisiéristes en short taille haute et baskets blanches de vieux (ça vous rappelle rien ?), d’aller bronzer sur des plages de rêve et se faire branler dans les vagues, et de se reposer un peu quand même dans un semi-vrai lit !
Ouf, le lendemain c’est mieux, et on peut aller plonger !
Bon, c’est super cher cette dive, mais elle n’existe qu’ici alors (vu qu’on y vient pas tous les 4 matins…). Au moins du coup, c’est service 4 étoiles ! Petits snacks sur le bateau, boissons fraîches, chaudes, ce que tu veux, le matos est tout chargé, tout préparé, c’est tout tiré au cordeau, c’est royal ! Bon, notre bateau, s’il est confortable, c’est le plus lent de l’univers… On a mis une heure pour couvrir les 3 kilomètres qui devaient nous séparer du spot de plongée (juste sous l’aéroport, à 100 mètres de la route, on a mangé au Subway à 200 mètres de là à midi, si on avait su, on vous rejoignait là à la nage, c’aurait été plus vite…). Brief à l’américaine (risque, risque, risque), et on commence par une première plongée d’exploration. En fait c’est la plongée déguisée qui permet au staff de voir si t’es bien lesté, bien équipé, à l’aise, et de pouvoir prévoir l’organisation de la plongée manta d’après (où il va falloir être lourds pour rester assis au fond et observer tranquille).
Ensuite, on a plus qu’à attendre sur le bateau qu’il fasse nuit… Tous les centres de plongée sont sur le même spot, et tout le monde met ses spots lumineux en commun au fond de l’eau, à environ 10 mètres, allumés, pour attirer le plancton une fois la nuit tombée. Quand il y a l’air d’avoir assez de plancton, on se met à l’eau, on s’installe autour et on attend que les mantas viennent prendre le goûter. On a une heure de dive maxi.
Vu le vent de la veille, on se tape une houle un peu sympa qui nous branle dans tous les sens sous l’eau, à tel point qu’il faut carrément clamper les genoux autour d’un rocher si tu veux rester à peu près fixe.
Et on attend…
Et on attend encore… (j’ai les cuisses en feu moi à serrer ce rocher !)
On admire Brian la murène géante, parce que lui, en tout cas, il a bien capté qu’il y avait un carnaval de plancton par là, et qu’il pouvait venir se poster en embuscade pour gnaquer du poisson qui vient se repaître dans le coin… Résultat il est en pleine eau, avec sont mètre cinquante, et il ondule tranquille dans la lumière, c’est un spectacle assez improbable !
Et pourtant…
Malgré les millions de petits organismes planctoniques attirés par la lumière (tellement que quand tu pouvais mettre les mains dans le nuage de bebêtes et les sentir gigoter), la houle et le vent de la veille ont eu raison des mantas, qui ont sûrement préférer rester plus loin ce soir…
Fail.
Le premier du voyage remarque, on s’en tire bien. Jusque là on avait réussi à voir touuuuut ce qu’on voulait, sur, comme sous l’eau, mais cette fois, on est tombés dans les 10% de malchanceux… Bon, on a un an pour revenir à moitié prix, c’est une bonne excuse, non ?
Bon, déjà qu’on était décus, mais en plus l’heure interminable de navigation retour après une heure de secouage dans la houle sous l’eau a eu raison de moi. J’ai vomi…
—
Bon, la plongée manta n’aura pas détrôné la lave.
Mais on a une autre carte dans notre manche !
Le lendemain, c’est encore un autre truc de fou qui nous attend ! On va carrément en bateau, voir le spot au sud de l’île où la lave tombe dans la mer !!
Rencard dans un Beach Park au sud de l’île. 16 heures (on fait le trip sunset, on se dit qu’on verra mieux s’il fait un peu plus sombre).
Vu le prix, y’a pas vraiment de backpackers sur ce tour là. Des vieux, et des chinois.
Donc, on retrouve le mec de Lava Ocean Tours sur la pelouse du parc, qui nous explique, brutalement et sans pincettes, que ce sur quoi on s’apprête à embarquer pourrait être le pire moment de notre vie. « Il y a de la houle. Pas juste aujourd’hui, tout le temps. Ca va bouger. Très fort. Très très fort. Soyez prêts, ça va faire mal au dos, mal à la tête, est-ce que vous êtes sûrs de vouloir y aller ? Est-ce que vous avez le moindre problème de santé ? Est-ce que tout le monde a bien compris ? Vous êtes sûrs ? Le trajet ne sera pas plaisant, vous allez vous faire déglinguer ? Vous êtes sûrs ? »
Putain. Il vend bien son business Martin, tiens… Il engueule les gens qui l’écoutent pas, les gens en retard se font virer sans ménagement (t’as raté le briefing de la mort, casse-toi), et après il passe pour collecter les sous.
J’avoue que ça fait un peu flipper quand même, mais bon. Merde, on doit être les adultes les plus jeunes du groupe, on va bien survivre !
Alors, Martin il a dit, « bougez pas, on embarque ici ».
Je rappelle qu’on est au milieu de la pelouse du parc.
Je suis perplexe…
Et voilà pas que déboule sorti de nulle part, un énoooooorme pickup, remorque au cul, sur laquelle est posé un gigantesque bateau en inox (pour info, on doit pas être loin de 50 passagers), harnaché de 4 moteurs de 250 chevaux…
Ouh bordel…
Et oui, là, sur la pelouse du parking, on embarque. Avec un escabeau. Allez hop, ils montent les vieux en premier pour les caler au places les moins violentes, puis les familles avec des enfants, et enfin le reste, ceux qui peuvent plus facilement se faire détruire la colonne.
Mmphhh…
Une fois tous là-dedans, le pick-up repart, direction la rampe de mise à l’eau, en marche arrière comme si de rien n’était…
Non mais attends.
Mais ta rampe de mise à l’eau là, elle donne sur la plage. La plage avec des rouleaux de la mort et des surfers dessus. Mais ça va pas la tête ??? Mais jamais on sort de là ?!
Notre capitaine Brutus, une fois mis à l’eau cul en premier nous fait un demi tour sur place de l’espace, en rasant les rochers de la digue à 15cm de chaque coté, et nature peinture, il crie aux surfers « on sooooooort!! ».
Je suis pas rassurée quand même moi hein…
Putain, il envoie les watts, paré à dejauger, manette à bloc, et le merdier se jette dans les rouleaux comme si on était sur un étang des Dombes !
On fait des bonds de malade dans les creux de la houle qui rentre sur la plage, et miraculeusement, on sort de là tranquilles… Et là, on démarre les 35 minutes de trajet qui vont nous amener à la lave… On a du voler la moitié du trajet. L’autre moitié c’était quand le bateau ré-aterrissait sur l’eau, en te broyant les vertèbres à chaque fois (« mais gaines Martine » dit Hulk…). Tu t’accroches au dossier du siège de devant comme si t’étais en train de faire Space Mountain sans harnais de sécurité…
Du coup, ça envoie tellement que franchement, t’as même pas la possibilité d’avoir le mal de mer !! La moitié des passagers finissent trempés !
Un truc de fou, je comprends mieux pourquoi Brutus voulait se dédouaner du potentiel risque de paraplégie…
Mais…
Après 35 minutes de crampes musculaires, on ralentit enfin…
Le nuage de vapeur est là.
Mais juste là. Genre à 15 mètres. Tellement là que d’un coup il fait une chaleur de folie ! Notre matelot nous remplit même un seau d’eau de mer pour qu’on se rende compte de la température de l’eau même à cette distance, elle doit être à plus de 40 degrés. Elle est même un peu jaune.
Finalement, il est loin de faire sombre, on aura donc pas la belle lueur orange de la lave. Mais par contre, on peut du coup voir les explosions causées par le contact de la lave avec l’eau, et voir voler les pierres de lavec en cours de solidifaction. Et ça flotte !! Je vous jure, on a vu des cailloux flottants ! Du magma encore un peu en fusion au milieu qui reste à la surface de la mer jusqu’à sa solidification complète. Fantastique !
Des gerbes de lave qui sautent, et cette vapeur d’eau toujours plus folle ! Impossible de voir ça de plus près ! Dommage que la balade de la nuit ait été complète, c’aurait été surréaliste dans le noir complet !!
Petit cadeau… et l’avant première de la version by night!
On voit les gens sur le rebord de la falaise observer le phénomène de loin. Jusqu’à la semaine dernière, le belvédère était plus près. Il s’est effondré entre temps.
On est complètement hypnotisés par le spectacle, là, pour le coup, la nature nous a fait un beau cadeau, tnat pis si on a pas vu les mantas !
Le temps passe à une vitesse folle.
Déjà l’heure de repartir…
Il faut se re-préparer psychologiquement aux 35 minutes de trajet pète-cul ! Mais on en a tellement plein les yeux que c’est pas grave !
Re-petit moment d’angoisse à l’arrivée à la rampe…
Va falloir repasser la barre de vagues dans l’autre sens, et prendre un virage ultra serré en plein milieu des vagues pour toper la rampe… Et la remorque…
Si mes souvenirs sont bons, j’ai du fermer les yeux pendant qu’on surfait les vagues de 3 mètres avec notre ferry en inox… Quand j’ai ouvert les yeux, Brutus a envoyé un gros coup les gaz (mais il est malaaaaaade on va tous muuuuriiiiiir !!!!), il nous a fait l’équivalent marin d’un virage au frein à main, et il a monté direct le bateau sur le haut de la remorque, à fond les manettes, sans pause ni hésitation… J’en suis encore estomaquée.
S’il fallait résumer cette balade dans son intégralité ?
« OH. PU. TAIN. »
Le bateau, le capitaine, le trajet, la lave, la houle, tout.
Bordel de putain de merde, même.
Incroyable.
Faites-le. Une fois dans votre vie, faite-le, je vous promets, il le faut.
Après ça, on a presque eu du mal à dormir dans notre Airbnb au milieu de la forêt (oui, on a changé de lieu de dodo entre temps !). On en est encore tout excités !!
Et pour couronner cette semaine de folie à Big Island, on se fait une toute petit nuit, puisqu’on a décidé de louer des vélos à 5 heures du matin, pour pouvoir aller voir la lave couler dans l’océan de nuit, depuis le fameux belvédère qu’on a aperçu du bateau !
Et comme pour y accéder, c’est 4 heures de marche, ou une heure de vélo, ben ça sera vélo !
On se lève donc à 4 heures du mat. Il pleut… Merde…
Tant pis c’est notre dernier jour, pas le choix, c’est aujourd’hui ou rien…
On y va, on est des oufs !
On va récupérer nos vélos au loueur, il fait nuit noire de noire… Pas beaucoup de lune, et je vous rappelle qu’on est entourés de coulées de lave durcie noire, pour pas aider à l’éclairage nocturne inexistant…
Quand même, il nous file des lampes torches fixées au guidon. Mais elles éclairent pas des masses, et la fixation arrête pas de glisser, donc on finit par devoir pédaler en tenant la lampe torche avec la poignée… Heureusement, la pluie s’est calmée.
On prend la piste…
« Polochon, je vois même pas où je roule !!
– Oh merde ça monte là !
– Fuck, une énorme flaque !
– Oups, un virage !
– Raaaaaaah des graviers !
– Des graviers + un virage !!! »
C’est Koh Lanta.
Je me demande comment on a fini par arriver au bon endroit ! Il est moins de 6 heures (ben oui, il a fallu bouriner, Polochon c’est pas du genre à se trainer en vélo…). J’ai les jambes en marshmallow, je transpire comme une loutre dans mon kway rose, et j’ai le cul trempé et sale façon j’ai-la-gastro-et-j’ai-pas-pu-me-retenir… (putain ils avaient même pas de garde-boue ces vélos !).
Pas grave, au loin, on voit la lueur de la lave ! Et cette fois on la voit carrément tomber de la falaise, et exploser dans l’eau en faisant de grandes gerbes rouges !
WA-OUH !
Et avec les jumelles du Bob, là c’est carrément carnaval ! On se régale les yeux pendant que le ciel s’éclaircit doucement derrière nous, et on a beau avoir fait quelques levers de soleil sympas depuis qu’on est partis, j’avoue que celui là, quand même, il restera dans les annales !
Bon, histoire que VRAIMENT on oublie pas cette dernière journée, on fera notre heure de vélo de retour sous une pluie battante, en découvrant que la route qu’on s’est farcie à l’aller dans le noir était vraiment pas fun (=pleine de virages, de trous et de gravillons, je me demande comment je suis pas tombée, ça me dépasse ! Polochon a décidé qu’on ferait dorénavant tous les trucs difficiles de nuit pour que je ne voie pas les obstacles, ça me rendait moins pleurnicharde).
Et sans mentir, y’a des gens qui vivent là aussi…
On a fini par arriver dégueus, plein de boue de lave noire de la raie du cul jusqu’à la nuque (ah l’absence de garde boue…), trempés, et on a du se dépoiler avant de s’asseoir dans la voiture et rentrer en roulant à poil pour pas dégueulasser le véhicule…
Maui, tu peux faire mieux que ça ???