Ça y’ est, on est en Colombie Britannique!
Je saute une étape pour passer directement au cœur de la meule (Vancouver c’est fantastique, mais vous en saurez plus au prochain post!): le tripdelamortquitue en kayak pour aller voir les grosses bébêtes du quartier!
Première étape, arriver jusqu’à Telegraph Cove (comment ça vous connaissez pas?? Mais siiii, c’est juste à côté de port McNeill, sur Vancouver Island!). Après moult simulations en France avant de partir, on a opté pour le bus, le fabuleux Greyhound, transporteur extraordinaire de tous les bouseux d’Amérique du Nord! Sauf que Greyhound, c’est bien c’est pas cher MAIS c’est long… Donc départ de Vancouver a 7h du mat, pour genre 9 heures de trajet en tout (rappelons que Vancouver Island est a 1h40 de ferry de Vancouver (enfin sa banlieue)). Tout roule bien, notre chauffeur de bus est un gros indien grognon (paraît que tous les chauffeurs de Greyhound le sont – non, pas gros et indiens, grincheux!), et en un rien de temps (…) on est arrivés à Port McNeill, notre destination busifique finale.
Pacific Central Station - Vancouver | On the ferry we go... |
Oui mais pour aller a Telegraph Cove?
Z’ont dit sur le site du kayak que fallait prendre un taxi, mais on est des aventuriers nous, des vrais, on pourrait faire du stop… Non? Bon, la route a l’air assez peu fréquentée… Bon on est 2 et on a des gros sacs… Et là sur le parking, ya Reginald (oui, son vrai nom!) qui a tout compris, et qui vient avec son shuttle récupérer les pauvres gens non véhiculés qui descendent du Greyhound et qui ont besoin d’aller quelque part… Adieu l’aventure, on prend le shuttle, en partageant avec un troisième larron, ça nous fait pas trop cher, et il s’avère que la route était looooongue jusque là-bas, donc si on avait pas trouvé de voiture pour nous prendre en stop, je serais potentiellement encore là-bas en train de marcher!
Telegraph Cove, c’est le summum du mignon, on dirait un mini Disneyland de petites maisons en bois collées autour d’un caillebotis qui court autour du port plein de petits bateaux et de bateaux de pêche! Bon tu fais le tour en 6,32 minutes, mais c’est trop beau! C’est pas donné, mais le jour ou j’ai vraiment des sous, j’irai m’y passer une petite semaine dans un cottage au-dessus des bateaux, pour me faire de jolis réveils brumeux sur l’eau, observer les dauphins à la jumelle de mon lit, et des petites journées pêche au saumon! Bon, rassurez vous, nous c’est camping, et pas cottage! Encore une fois, on est de loiiiiiin les moins équipés du camping, les gens en face de nous ont un camping car, une caravane, 2 méga 4×4 genre Mad Max, 2 barbecues, une tente anti-moustiques montée autour de la table de pique-nique, une machine à expresso branchée dehors, et j’en passe…
Le camping est blindé quand on arrive, puisqu’il y a le tournoi de pêche local de l’été! On arrive à l’heure du buffet-barbecue pour tout le monde, de la remise des prix, et des enchères… On est donc face à un groooos groupe de bons gros (gros!) campeurs américains et canadiens, équipés de leurs chaises pliantes, en train d’enchérir sur les objets qu’ils ont eux même donnés à la société de pêche (j’imagine…) pour faire des sous (on a pas compris si les sous c’était pour les prix du tournoi de pêche, ou juste pour le club de pêche…). Bref, ils enchérissent sur des trucs qui vont d’un humidificateur d’air à deux semaines au Mexique dans la maison de John et Germaine qu’ils offrent aux enchères… Le tout en bouffant 7 tonnes de saumon local cuit pour l’occasion (une des nanas a qui on remet un prix en a chopé un de 10 kilos tout de même!). C’est très folklorique, Bob, on participe l’an prochain?
Bref, on monte notre tente en express, et on va courir après Jeanine du camping pour savoir où on met notre bouffe pour la nuit, puisque c’est marqué que ya des ours partout dans le camping (oui…) mais qu’il suffit de laisser la bouffe dans notre véhicule (mouahahaaa!) la nuit pour ne rien risquer (Reginald lui, avec son véhicule qui nous a amené jusque là, ne vit pas au camping…). C’est tellement le cul du loup là-bas, que personne n’y vient sans véhicule, donc ils ont pas de boîtes à ours… pas grave, Jeanine nous emmène dans les confins du camping, derrière les douches dans la chaufferie, et nous sort une glacière en plastique où on peut ranger nos chips pour que Winnie l’Ourson vienne pas nous les carotter! Le camping a même sa plage derrière, qui donne sur les sapins magnifiques de Vancouver Island qui plongent dans l’océan, c’est plutôt pas mal!
Et demain, on démarre la vraie aventure!!
On se lève trèèèèès tôt, histoire d’avoir le temps de marcher jusqu’à Telegraph Cove centre (le camping est un peu plus loin, ça brisait un peu l’image Disneyland la tente Quechua et le camping car), et de prendre quelque photos avant de partir! On déjeune même sur le boardwalk en observant (dejààààà!!!) quelques ailerons qui passent par là (des marsouins de Dall il s’avérera par la suite). C’est l’heure, on empaquette tout notre merdier dans 2 mini dry bags chacun, on enroule nos duvets dans des sacs poubelle avant de les recomprimer dans leur housse (astuce fantastique!), on s’équipe pour le froid et la pluie (ben oui, c’est pas Saint Tropez!), jumelles et GoPro à portée de main, et go!
Notre guide, c’est Brad. Brad a une dégaine d’aventurier, boit 5 litres de café par jour, et roule ses clopes entre 2 coups de pagaie. Il nous fait un petit briefing (qu’est ce qu’on fait si on chavire – vous inquiétez pas dit BradPitt, en 16 ans c’est jamais arrivé (ouais mais en 16 ans t’as pas eu la teamGR de l’extrême Hulk+PrincessPeach!)), et c’est parti, pieds dans l’eau pour embarquer (ça y est je sens plus mes orteils), PrincessPeach à l’arrière pour faire la direction, et Hulk à l’avant pour faire le moteur. De toute façon, l’inverse est pas possible puisque les (délicieux!) jambonneaux de cuisses de Polochon lui empêchent de tenir la position qu’il faut avoir pour faire le gouvernail. Déjà qu’à l’avant il a dû enlever les cale-pieds parce qu’ils allaient pas assez loin, ce qui cause un perpétuel mouvement de balancier de gauche à droite sur notre kayak quand il pagaie, because il a rien pour stabiliser son corps… (J’aurais peut être dû emmener de la cocculine?) Franchement, on est une bonne équipe, on pagaie bien, on a pas (trop) mal partout. Par contre, en ce jour 1, y’a du vent et de la houle, donc on pagaie pas longtemps, on va direct au camp, et on verra comment évolue la météo.
Alors le camp. C’est pas le camping de Telegraph Cove… Des tentes immenses (Hulk tient debout dans!!) sont montées sur des petites plateformes en bois pour éviter le froid/la mouillure, on a une graaande table de pique nique, devant l’océan, derrière quelques arbres histoire d’éviter d’avoir trop de vent, abritée par es grandes toiles, une cuisine (si si, avec un barbecue de la mort qui tue a l’américaine, et un poste de cuisson à gaz), et des vrais cabinets avec vue imprenable sur la mer (enfin vrais… On fait caca dans un seau, on jette le papier dans une poubelle et on couvre notre caca avec de la sciure de bois, c’est toujours mieux que de s’accroupir dans les épines de pin!). Tous les camps seront sur le même modèle, l’un d’entre eux aura même une douche! Chaude! Mais celu-là est près d’une propriété habitée, ceci explique cela. Bref, le luxe. Et en plus, Brad nous cuisine des méchants trucs (le premier soir c’est saumon local grillé!), et nous fait un grand feu après avoir (sans transpirer) brisé des bûches à la hache et découpé des petits copeaux de bois pour faire partir le feu… Pour l’instant on a vu dix mille saumons sauter hors de l’eau, des aigles et une otarie de Steller timide qui a eu les jetons quand on est passés et s’est jetée à l’eau en faisant un bruit genre BombeDeHulkDansLaPiscine!
Camp #1 | Les cabinets 😀 | Et la vue des cabinets! 😉 |
Sauf que là, juste là, après nos deux petites heures de pagayage et la dépose de notre merdier dans la tente, Brad Pitt, qui se roulait une clope tranquille sur les cailloux, se met à crier… « ORCAAAAAA!!! » Sérieuuuuuux?? Tout le monde lâche tout et on se précipite sur la plage. Et là, tranquille émile en train de chasser/jouer, une petite famille d’orques, cinq, dont un pitchoun et un groooooos énorme! Magique! Et encore, avec magique on est loin du compte. Elles passent tout doucement, elles font leur vie, bébé tape de la queue… Et là, pas une nageoire molle de toute la famille! Aux chiottes Marineland, quand t’as vu ça, une famille entières de gros pandas de la mer, heureux, qui nagent 70 bornes par jour, tu peux plus aller les voir vivre dans une baignoire! Déjà que la dernière fois qu’on est allés au Marineland on était sortis traumatisés, mais alors là… Et en plus, toute la famille repassera 2 heures plus tard dans l’autre sens après le changement de marée! Et même en pleine nuit, après un réveil pipi à 2 heures du mat alors que le vent est tombé et qu’il n’y a plus une vague, on s’est rendormis au son de notre famille d’orques qui batifolait devant le campement… Beat that Seaworld!
Absolument... | ... inphotographiable! |
Pour un premier jour, on est pas mal…
Au lever du deuxième jour, après un breakfast gargantuesque (un plateau de fruits bien découpés et une omelette épaisse comme un gâteau au yaourt avec poivrons et champignons – on a dormi au Hilton ou quoi?), on est repartis, chauds comme des baraques à frites! Aujourd’hui, Brad a promis les baleines, paraît que d’abord faut traverser Johnstone Strait (marée+courant on va en chier semblerait-il). C’est sans compter sur la volonté de Hulk de voir des grosses bêtes! On avoine comme des bourrins, en 40 minutes on a torché l’affaire, et on se retrouve à dériver tranquilles, avec des pschitt de baleines réguliers tout autour de nous, même si un peu loin, et tout un gang d’otaries de Steller en panique qui s’enfuient de leur caillou puant à la vue de Hulk nos kayaks. On verra pas mal de baleines ce jour là, et on commence à être pas mal de la pagaie. Je triche même pas trop du pagayage, juste de temps en temps, et comme BruceBanner à l’avant entend quand j’arrête de ramer, j’ai trouvé la parade: il suffit de faire toucher l’eau à ta pagaie au bon rythme, floc……………floc………………floc et ni vu ni connu! Grooooosse journée de ramage quand même, on est un peu cassés en arrivant au camp, heureusement, celui-là c’est celui qui a la douche!
Brad a allumé l’eau chaude (à la propriété d’à-côté, chez Bill le ricain vétéran du Vietnam) et je me lance, douche en prems! Comme les cabinets, la douche c’est une petite guitoune en bois avec un petit toit et des « murs » qui ne vont ni tout en haut ni tout en bas. Bon, Brad m’avait dit que je pourrais me laver les cheveux en regardant les baleines mais je crois qu’il avait oublié de factoriser ma taille gigantesque d’1m60. Je me doucherai en regardant la planche du haut, tant pis… Parée, et à poil dans le vent, j’allume la douche. Et là, me coule un filet (oui, un filet, genre la gouttière du toit un jour de petite averse) d’eau glacééééeee!! Bon, j’attends un peu, faut ptet que ça chauffe… Je laisse la main dessous, et ça tiédit un peu. Je mets le pied, AH NON, j’ai juste la main engourdie, c’est pour ça que ça a l’air tiède…donc j’ai un bras et une jambe mouillée, ya du vent (ben oui, au dessus et en dessous du « mur ») et je me pèle le cul grave. Déjà les cheveux, même pas t’y penses. Je me dis que ça doit être normal, que j’ai du rêver de m’imaginer une vraie douche… Donc je me rince sous mon filet d’eau, je me savonne et je me re-rince. Je risque l’angine de poitrine là déjà… Bon je ressors, et je précise quand même aux autres que l’eau est pas chaude… Brad, me prenant pour une cruche, me demande si j’ai bien réussi à faire marcher la douche, puisqu’il a testé et ya de l’eau chaude. « Dis donc blondin, ya pas besoin d’avoir fait St Cyr pour faire marcher un mitigeur, me prends pas pour une truffe! » Il va vérifier, et revient, l’air moqueur de tout mec qui prend une fille en flagrant délit de blonditude avancée: l’eau est chaude, je viens de tester le robinet, t’es la reine des connes. (Hulk ricane j’le vois du coin de mon œil de lynx). Et la je lui demande s’il a testé la DOUCHE, pas juste le robinet… Ah bah non… Il repart. Et disparaît pour 20 minutes (si ça marchait, il serait bien vite revenu en ricanant lui aussi). Ahhh chuis pas conne quand même! Finalement il revient pour me dire « mais tu devais avoir zéro pression dans la douche non? » Ben oui, je me suis lavée à l’eau de pluie! La valve était fermée, ni eau chaude, ni pression! Merci de m’avoir pris pour une niaise Figure de Poulpe! Le deuxième essai de douche a été nettement plus agréable que le premier!!
Romano party? | Miam! | Yeaaaaaah du brouillaaaaaaard!!! |
Jour 3, la pneumonie nous guette. Il pleut. Ya du brouillard. On entend ces salopes de baleines faire des sauts juste derrière le brouillard, juste assez loin pour qu’on les voie pas. On traîne un peu (la journée sous la pluie dans le froid ça enchante personne…) et on finit par se mettre en route vers 10h, un peu à reculons… A part les aigles à tête blanche qui nous surveillent, pas âme qui vive… On pagaie doucement dans le brouillard, c’est un peu surréaliste, pas un bruit, on dirait qu’on a du coton dans les oreilles, on voit pas les îles, ou les sapins, tout est gris, même l’eau.
Et là, notre compatriote de pagaie nous dit qu’il y a une baleine là-bas au loin qui respire!
On s’arrête pour regarder, dans le brouillard, on a pas vraiment grand chose d’autre à regarder!
Tout doucement, elle se rapproche, de respiration en respiration. D’un coup, elle est à 50 mètres de nous, on entend son souffle comme si on était dessus. Et elle a pas l’air de changer DU TOUT de trajectoire… Et la prochaine respiration, d’après nos savant calculs, ce devrait être par là… Genre juste là-dessous quoi… Hummmm… Polochon tente même de reculer un peu en pagayant à l’envers (quoi, mais t’es malade ou quoi, dis-je en contre-pagayant!). Et la, Pffffffffffiiiooout!!!!, elle est juste là, à deux mètres devant le bateau, d’abord une petite bosse et le souffle, puis doucement, touuuuuut le reste du dos qui sort de l’eau, large comme 4 fois notre kayak! Comme au ralenti, ma baleine préférée, ma jubarte de quand j’étais petite, vient replonger sous notre kayak, tellement près que je peux même voir le blanc sous sa tête quand elle passe sous notre bateau… 5 secondes de pure magie, seuls avec la nature, et avec un gros bébé de 15 mètres qui veut câliner notre kayak! Une fois notre respiration reprise, on est obligés de glousser et crier comme des gagas! Quel moment!!!
Et comme si la nature avait décidé qu’on était enfin dignes d’elle, elle décide de nous offrir la plus belle journée du trip, avec un ciel qui se découvre d’un coup, et une tripotée de baleines au cours de la journée, des qui sautent, des qui plongent, des aigles partout, des lions de mer curieux qui nous sniffent… Une journée comme on en a rêvé avant de partir! On couronne le tout avec une nuit dans un super spot (bon ok, paraît que ya un cougar dans le coin, qui vient régulièrement tataner a coup de griffes le couvre-barbec… Un détail. Je fais juste pas la fière quand je vais aux cabinets au fond de la forêt…) avec un bon feu et un bon repas, et là c’est le bliss total!
On finira ce trip de la mort qui tue par une petite demi-journée à la cool, sur une mer glassy, même pas un pet’ de vent, avec une dernière petite baleine bien près de nous pour nous faire une dernier coucou, des phoques tachetés troooooop mignons (c’est vraiment les labradors de la mer!), encore des aigles, et juste avant le retour à Telegraph Cove, une petite mamounette phoque et son baby, on touche le mignon ultime là!
BradPitt aura définitivement assuré les cacahuètes, même si son potentiel d’aventurier cool en a pris un sérieux coup quand il a enlevé son bonnet en cachemire pour nous révéler sa calvitie avancée!
On a quand même fini dégueus, avec une bonne odeur de romano qui a dansé 4 jours autour du feu, et de chaussures qui sentent la vieille combi de plongée laissée dans un seau plein de crabes ramassés à la plage et oubliés au fond du jardin… Heureusement qu’au camping où on passe notre dernière nuit sur Vancouver Island ya une machine à laver et un sèche linge gratos! Comme ça on pourra faire les romanos encore une fois et laver nos habits sans lessive + illégalement sécher nos chaussures dans le sèche linge pendant qu’on traîne pieds nus dans la guitoune-buanderie et qu’on recharge tous nos appareils dans la salle deb! Remarque, pour arriver jusqu’au camping on à DEJA refait les romanos, empilés à mort avec les sacs sur les genoux dans la voiture de notre co-kayakeur Vancouverite (la seule petite voiture de Vancouver Island!), risquant l’étouffement à chaque nid de poule!
Bref, tout ça pour dire que si vous cherchiez un truc à faire au Canada, cherchez pas plus loin! Vancouver Island, c’est de la bombe! 😉
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